Ma vulve est-elle normale ? Stop aux mythes et aux fausses croyances.

Ma vulve est-elle normale ? Stop aux mythes et aux fausses croyances.

Introduction

Les diktats ont la dent dure et s’attaquent à chaque partie de notre corps aussi petite et intime soit elle : ventre, hanche, seins, vulve, anus… aucune partie n’échappe à la standardisation et à un modèle idéal, véhiculée par la publicité, les médias sociaux et l’industrie pornographique.

Notre corps est unique et il est temps de célébrer cette diversité plutôt que de s'inquiéter des normes irréalistes imposées par la société et les médias. L'apparence de la vulve est influencée par de nombreux facteurs, notamment génétiques et hormonaux.

Quelles sont les variations anatomiques normales ?

Il est important de comprendre que de nombreuses variations anatomiques de la vulve sont tout à fait normales. Certaines de ces variations incluent :

Les grandes lèvres : 

Les grandes lèvres correspondent à la partie pileuse de la vulve et sont plus ou moins volumineuses en fonction de la quantité de tissus graisseux qu’elles contiennent. A la ménopause on observe fréquemment une perte de volume et/ou un affaissement des grandes lèvres.

Les petites lèvres :

Les petites lèvres peuvent être cachées par les grandes lèvres ou bien en dépasser. Il n’y a pas de normes. Véritable source de complexe, il faut savoir que la taille des petites lèvres varie considérablement d'une femme à l'autre. Il n'existe pas de norme universelle, leur longueur pouvant aller de 0,5 à 10 cm. Cette variation n'affecte pas le plaisir sexuel

Vous pourrez constater que le bord des petites lèvres est crénelé et parfois plus pigmenté que le reste de la vulve.

La couleur de la vulve :

il existe une multitude de nuances de couleur de vulve, allant du rose pâle au brun foncé qui dépendent en partie de la couleur de la peau. Ces variations sont parfaitement normales et ne nécessitent pas de traitement.

Le Clitoris :

Localisé sur la partie haute de la vulve, entre les grandes lèvres, le clitoris est recouvert par un capuchon de peau qui correspond au prolongement naturel des petites lèvres. Il peut être plus ou moins charnu et peut recouvrir entièrement ou partiellement le clitoris. Pour information, il ne s’agit que de la partie externe de cet organe, la partie interne du clitoris peut mesurer jusqu’à 12 cm et se situe en profondeur de chaque côté de la paroi vaginale.

Les grains de Fordyce :

ce sont de petits grains jaune pâle ou blancs situés sur la face interne des petites lèvres. Ils sont souvent confondus avec des boutons ou des verrues, mais en réalité, ce sont des glandes qui aident à la lubrification et au confort. Ils ne sont pas pathologiques.

Les caroncules hyménales :

souvent décrites comme des "bouts de chair" qui dépassent du vagin, ce sont en fait des reliefs d'hymen persistants après la perte de la virginité ou après un accouchement par voie basse. Ils ne sont pas pathologiques.

Les papilles physiologiques :

ces petites papilles transparentes ou rosées situées à l’entrée du vagin, peuvent être prises à tort pour des verrues. Elles sont indolores, asymptomatiques et ne nécessitent pas de traitement.

 

Et si on commençait par apprendre à mieux se connaitre en s’auto examinant ?

Pour mieux s’accepter, la première étape est parfois d’apprendre à mieux se connaitre. L’auto examen pourra certainement vous aider dans ce chemin. Pour celles qui commencent tout juste l'auto-examen de la vulve, il peut être bénéfique d'avoir un premier examen guidé par un professionnel de la santé. Un gynécologue ou une sage-femme pourra vous expliquer en détail l'anatomie et vous montrer la meilleure technique pour effectuer l'auto-examen à l’aide d’un miroir. Cela vous permettra de vous sentir plus à l'aise et confiante dans votre pratique personnelle.

Voici un petit guide de l’auto-examen. Avant de commencer, assurez-vous que vos mains sont propres pour éviter toute contamination, lavez-vous les mains !

  1. Choisissez un endroit calme et confortable où vous vous sentez à l'aise et utilisez un miroir pour faciliter l'observation. Cela vous permettra de voir clairement la région vulvaire. La meilleure position est d’être accroupie au-dessus du miroir.
  2. Examinez la région externe : observez les lèvres, le clitoris et le mont de Vénus. Observez les couleurs, les textures, les odeurs ...
  3. Explorez la région interne : insérez doucement un doigt dans le vagin pour sentir les parois internes. Vous allez sentir des reliefs sous forme de vagues ou de rides qui correspondent à la texture normale du vagin chez la femme non ménopausée (il devient lisse après la ménopause).

Prenez le temps de vous découvrir, d’apprendre à mieux vous connaitre. Profitez-en pour rechercher d’éventuelles anomalies : soyez attentif à toute bosse, plaie, rougeur ou tout autre changement. Et en cas de doute, n’hésitez pas à consulter votre médecin !

Conclusion

Sachez que la pression pour répondre à des normes esthétiques irréalistes peut influencer la perception que nous avons de notre propre corps. L'épilation intégrale et l'accès à des contenus pornographiques qui idéalisent une vulve dépourvue de poils contribuent à l'augmentation des interventions de chirurgie et de médecine esthétique génitale. Les chirurgies visant à réduire la taille des petites lèvres, appelées nymphoplasties de réduction, sont de plus en plus courantes et sont pratiquées à un âge de plus en plus jeune. Cependant, il est essentiel de comprendre que ces interventions ne sont pas sans risques ni conséquences, notamment sur la sensibilité vulvaire.

En cas de doute sur la normalité de votre vulve n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé qualifié, lui seul pourra vous rassurer et ne pas méconnaitre une pathologie sous-jacente !

Alexandra Arfi

Gynécologue spécialiste des pathologies vulvaires et membre du comité scientifique de Vivante